John Chege, un sociologue avec la Nairobi City Water and Sewerage Company, et Sylvia Ndirangu, une responsable de projet avec la Water and Sanitation for the Urban Poor
Un panneau signale le bureau de terrain de la Nairobi City Water and Sewerage Company sur le site de projet Maili Saba de la WSUP à Dandora, Nairobi
Le coût de l’eau ayant baissé, ils peuvent donc investir leur argent ailleurs, par exemple dans de des denrées alimentaires de meilleure qualitéJohn ChegeSociologue, NCWSC
Un formulaire de demande pour le raccordement au réseau d’eau de la Nairobi City Water and Sewerage Company La NCWSC s’est engagée dans des activités de promotion à grande échelle afin d’assurer que les raccordements au réseau à Dandora soient légaux et mesurés
Des logements à Dandora. Les habitants ont été convaincus en voyant les promesses concernant les améliorations du réseau d’eau se concrétiser.
John Chege, sociologue avec la Nairobi City Water and Sewerage Company, et la responsable de projet de la WSUP, Sylvia Ndirangu, plaisantent ensemble. Les deux organisations ont étroitement collaboré pour surmonter les difficultés et fournir un service abordable et fiable
Les personnes vivant dans le campement informel de Dandora à Nairobi doivent souvent parcourir de longues distances depuis leur domicile pour aller chercher de l’eau, et faire la queue pendant de longues périodes de temps. Ils payent des prix élevés aux vendeurs, et doivent se contenter d’un faible débit, dû à un approvisionnement inadéquat. Dans certaines zones, plus de 90 % de la production d’eau par la Nairobi City Water and Sewerage Company (NCWSC) se perd lors de son acheminement vers les consommateurs, à cause de fuites ou de déviations en raison de branchements illégaux.
« Des cartels opèrent dans cette zone, et ils font payer l’eau très cher », explique Sylvia Muthoni Ndirangu, une responsable de projet qui travaille avec Water and Sanitation for the Urban Poor (WSUP).
Toutefois, la communauté se réjouit depuis peu d’un accès fiable à l’eau potable et salubre, pour un coût cinq fois moins élevé qu’avant. L’eau est toujours rationnée, étant donné que les travaux d’amélioration sont toujours en cours, mais les habitants ne sont plus contraints à faire la queue pendant des heures pour s’approvisionner.
Dans le cadre du programme SWIFT, WSUP collabore avec la NCWSC afin de rénover le système d’approvisionnement en eau à Dandora et d’en améliorer l’accès pour les consommateurs disposant d’un faible revenu. Ils réduisent la quantité d’eau « perdue » lors de son acheminement, en dotant le réseau d’une forte pression, et en prolongeant la période durant laquelle l’eau est disponible. Ils ont également construit des nouvelles canalisations de près de 23 km dans le campement.
Parallèlement, la NCWSC a ouvert un bureau de terrain et offre un suivi aux habitants, et reçoit leurs plaintes relatives aux problèmes d’eau. Une équipe de projet de la communauté a également été établie, composée de membres représentant toutes les sections de la communauté.
L’équipe s’est engagée dans une promotion à grande échelle afin d’assurer que les branchements au réseau soient légaux et mesurés, et distribue les formulaires de demande pour le raccordement du réseau d’eau aux propriétaires.
« Ce programme a des répercussions positives sur le statut socioéconomique des habitants. Le coût de l’eau ayant baissé, ils peuvent donc investir leur argent ailleurs, par exemple dans des denrées alimentaires de meilleure qualité », confie John Chege.
John est un sociologue qui travaille avec la NCWSC. Plusieurs sociologues collaborent étroitement avec l’équipe de projet de la communauté, les propriétaires et les habitants afin d’avoir une compréhension des groupes de clients potentiels, de leurs pratiques, de leurs points de vue et de leurs préférences, ainsi que de leur volonté à payer pour un meilleur service.
John explique que la réduction du temps de la collecte de l’eau a eu un impact positif sur les femmes et les enfants ; les femmes ont désormais plus de temps à passer avec leurs familles et à consacrer à leurs moyens de subsistance, et les enfants peuvent dédier plus de temps à leur éducation et à leurs devoirs. Sylvia a remarqué que les terrains autrefois laissés à l’abandon à Dandora sont maintenant utilisés.
« Il est trop tôt pour le dire, mais mes observations me font penser que la santé des gens s’améliore et qu’ils dépensent moins d’argent dans les médicaments et les soins de santé », explique John.
« Au début du programme, les gens étaient réticents à s’investir. Les cartels et les vendeurs d’eau menaçaient les populations, ayant le sentiment que cela nuisait à leurs activités », explique Sylvia.
Elle décrit un ancien projet par lequel les habitants ont payé des compteurs d’eau qu’ils n’ont jamais reçus en raison de la corruption. Lorsque des problèmes d’ordre logistique ont retardé l’arrivée des matériaux nécessaires aux travaux d’amélioration du réseau dans le cadre du programme SWIFT, la communauté craignait de voir l’histoire se répéter. « Les populations pensaient qu’il s’agissait de la même chose que pour le projet précédent, et elles ne voulaient pas être impliquées », dit Sylvia.
John explique que le programme a rencontré un autre problème : l’interférence politique. « La population veut s’attribuer le mérite pour les développements mis en œuvre dans la communauté », explique-t-il.
Afin de faire face à ces difficultés, WSUP et la NCWSC se sont efforcés à être ouverts et à encourager un sens des responsabilités, à engager les responsables politiques un à un et à les inviter à des réunions communautaires afin qu’ils puissent participer au processus ; ils ont établi l’équipe de projet qui, selon John et Sylvia, a joué un rôle essentiel. « Ainsi, nous avons réellement pu interagir avec la communauté et être à son écoute, et rester en contact avec elle, explique Sylvia.
L’équipe est composée d’un maximum de 16 membres qui agissent en qualité de porte-parole pour leur communauté ; elle inclut des représentants pour les personnes âgées, des jeunes, des femmes, des chefs religieux, des personnes handicapées et des chefs de chaque « village ». « Ils peuvent expliquer la situation à leur groupe, ainsi que poser des questions en leur nom, dit Sylvia. Cela a grandement contribué à surmonter les difficultés initialement rencontrées. »
Les habitants de Dandora ont été convaincus en voyant les promesses concernant les améliorations du réseau d’eau se réaliser. « En rendant les services disponibles et abordables, la communauté acceptera de s’investir », explique John.
Le partage d’informations joue un rôle important afin de garantir des changements durables, et Sylvia a développé des supports de communications afin de s’assurer que les habitants connaissent les services offerts par la NCWSC. Ils ont par exemple la possibilité de lire leur propre compteur à eau et d’envoyer les informations à la NCWSC au moyen de leur téléphone portable, et d’utiliser leur téléphone pour consulter leurs factures.
« Il existe également un service mobile appelé « Tambua », explique-t-elle. Il s’agit d’un moyen de vérifier les identités des membres du personnel de la NCWSC. Les gens ne les connaissent pas, et ont autrefois été escroqués par des personnes prétendant y appartenir. »
Afin de garantir des changements durables, la NCWSC développe les compétences et les connaissances des membres de son personnel sur le terrain, afin de leur permettre de répondre aux problèmes rencontrés quotidiennement au bureau de Dandora depuis son établissement. « Autrefois, il n’y avait pas de présence continue sur les lieux, nous étions absents ; être présent va changer la donne », explique John.